Les élèves des Cordées de la réussite à la barre

Article écrit par M. Lejune, enseignant d’Histoire-Géographie-EMC et coordinateur du projet.

Au terme d’une année riche en aventures et en découvertes, les 15 élèves du programme des Cordées de la réussite du collège Gustave Nadaud ont mis en scène, vendredi 13 juin, un procès fictif dans le grand amphithéâtre de l’École Nationale de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (ENPJJ) à Roubaix.

Un procès fictif, et 15 élèves pleinement investis

« M. Thomas Olsen, levez vous s’il vous plaît ». Le ton est strict, le regard perçant et l’attitude solennelle. Ce vendredi 13 juin, les élèves de 3e des Cordées de la réussite du collège Nadaud ne sont plus des collégiens à quelques jours de leur Brevet, ce sont des juges, des prévenus, des avocats et des éducateurs participant à un procès de justice pour mineur.

Ce procès, ils et elles l’ont préparé depuis le mois de septembre. Pendant une année, ils ont découvert le monde de la justice, acquis le vocabulaire adapté et imaginé l’histoire qu’ils doivent maintenant juger : une affaire d’harcèlement sexuel et d’harcèlement scolaire.

Nina, dans le rôle de la présidente rappelle les faits : « Vous auriez envoyé des photos à caractère sexuel à Jane Lesage, à plusieurs reprises, alors qu’elle vous demandait d’arrêter. Reconnaissez-vous les faits qui vous sont reprochés ? ». Face à elle, Tom, dans le rôle du prévenu, bredouille un faible « oui », puis tente de s’expliquer : « À l’époque, je ne me rendais pas compte, je pensais que c’était normal de faire ça à une fille ». Dans le grand amphithéâtre, comble, plusieurs spectateurs murmurent d’étonnement.

L’ensemble est criant de réalisme et reconstruit fidèlement l’atmosphère d’un procès. Si les élèves parviennent à donner corps à cette réalité, c’est qu’ils ont eux-mêmes assisté à des procès pendant l’année : un premier au tribunal judiciaire de Lille et un autre à la cour européenne de justice, à Luxembourg. Ils ont aussi rencontré une avocate spécialisée dans le droit des mineurs et des éducateurs et éducatrices de la protection judiciaire de la jeunesse qui accompagnent les jeunes lors de leur procès.

Pour retrouver la vidéo du procès fictif: https://www.youtube.com/watch?v=MxpEg8Hjjzg

De l’improvisation plus que du théâtre

Dans le grand amphithéâtre, Tom est encore sous le feu des questions des juges : « Pourquoi avez-vous refusé de rencontrer la psychologue comme vous le demandait votre éducateur ? », demande Jade. Le prévenu fictif hésite puis explique : « Je ne pense pas qu’une psychologue puisse m’aider, je ne pense pas que rencontrer une psychologue serait utile ». Lilou, dans le rôle de la procureure saisit la balle au bond : « C’est parce que c’est une femme que vous refusait de la voir ». Moment d’effarement dans la salle.

Le procès n’est pas une pièce de théâtre mais plutôt un exercice d’improvisation. Les textes ne sont pas écrits à l’avance. Les élèves se sont mis d’accord sur l’histoire mais ensuite chacun est libre de jouer sa partition. Hugo, l’avocat de Tom n’hésite pas à rejeter la faute sur le père de ce dernier : « Si vous aviez été plus présent, votre fils aurait peut-être un comportement plus approprié ».

Après une heure de débats, le couperet tombe : Tom et Melissa sont reconnus coupables des faits de harcèlement. La procureure demandait un contrôle judiciaire pour Tom mais les juges ont choisi de mettre en place des mesures éducatives. Une décision qui colle avec l’esprit de la justice pour mineur qui privilégie la réponse éducative plutôt que la sanction.

Les élèves terminent leur représentation sous une salve d’applaudissement. Audrey Top, formatrice à l’ENPJJ et qui a longtemps accompagné des mineurs au tribunal, les félicite châleureusement : « Ce que vous avez fait est exceptionnel, tout est juste, c’est génial ».

Dans la salle, des anciens élèves qui ont participé au programme les années précédentes comparent les prestations. Maé maintenant en 1ere est admiratif : « Le procès était plus vivant que le nôtre, ils débattaient vraiment ».

À la rentrée, une nouvelle promotion des Cordées se lancera dans la préparation d’un nouveau procès fictif, en espérant qu’ils arriveront à faire encore mieux que leurs prédécesseurs !